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LIGNES DE CIEL,

TERRE ET MER

 

Maison à Gored

Plozévet (29)

Année du projet : 2023

PC déposé et accepté

Coût du projet : 600.000€ HT, Hors Honoraires

Le contexte 

 

Le terrain concerné par le projet de PC se situe dans la commune de Plozévet (29710) rue des Goémoniers. Sa surface est de 3388m². La partie basse du terrain d’une surface de 1000m2 environ est non constructible et classée en zone N du PLU. Seule la partie haute du terrain d’une superficie de 2288m2 environ est constructible.

 

Le projet de construction concerne la construction d’une maison de plein pied à la toiture plate végétalisée sur vide-sanitaire d’une surface habitable de 147m2 pour servir de résidence principale.

 

Le parti architectural de la maison est ambitieux : créer une maison contemporaine de bord d’océan qui soit à la fois une ode à la tradition locale et un manifeste de l’architecture contemporaine économe en ressources, tout en permettant d’avoir l’océan comme cadre de vie.

  

 

Les voisins, l’implantation

 

La toiture plate et la maison de plein pied apparaissent comme une évidence afin de ne pas venir perturber outre mesure les voisins et notamment ceux qui se trouvent au-dessus du terrain. Il n’était pas question de construire sur deux niveaux ou de faire une toiture à deux pans pour ne pas impacter leur vue sur l’océan qui est essentielle à cet endroit.  

 

 

La maison est implantée sur la partie haute du terrain entre 45 et 50m de la rue, afin de préserver la partie classée N de toute intervention. Elle est alignée avec la façade arrière de la maison de la parcelle AB20 : cette ligne permet de laisser suffisamment de place devant la maison pour créer une terrasse et laisser la place pour installer l’assainissement individuel qui est dépendant de la pente du terrain. L’assainissement n’est ainsi pas installé dans la zone N.

 

 

Enfin, il est à noter que :

 

  1. la façade de la maison est à 132m de la ligne de mer haute et bien au-delà des 100m instaurés par la loi littoral. Toutes les parties aménagées se trouvent bien au-delà des 100m et en dehors de la zone N.

  2. l’implantation générale permet une densification future sur la partie haute de la parcelle

 

 

Deux lignes parallèles à l’origine du projet

 

Si les lignes sont contemporaines, les matériaux mis en œuvre rappellent la tradition. Les planchers intérieurs et extérieurs seront en granite clair (gris blanc/beige) local. Les murs du volume principal seront enduits de chaux grattée aux lignes contemporaines mais s’inspirant des sillons que l’océan peut laisser sur le sable ou bardés de bois à l’arrière de la maison. Pour l’anecdote, un des voisins nous a signalé la présence d’un ancien four à goémons sur la partie non constructible du terrain alors il noud paru évident que la maison devait comporter un élément en chaux.

 

Les lignes du plancher et de la toiture sont deux lignes architectoniques fortes représentant les lignes de mer et de ciel entre lesquelles la vie se déroule, la terre :

 

  • la ligne basse de la mer est la ligne la plus complexe de l’ensemble architectural :​

    1. elle permet de faire le lien entre le terrain en pente et la maison de plein pied.

    2. elle ne fait qu’une avec le plancher intérieur qui est à fleur de la coursive extérieure et dessert la terrasse à l’ouest où se trouve la piscine. Afin de ne pas trop modeler le terrain, cette terrasse est en deux niveaux et permet de créer un débordement de la piscine afin de s’asseoir sur un banc d’eau face à la mer.

    3. du côté est, la coursive dessert une terrasse en bois, elle-même accessible par un emmarchement depuis le terrain. Cet emmarchement permet de ne pas modeler le terrain d’avantage que ce qui est nécessaire pour implanter la maison de plein pied. Ces jeux de niveaux sont comme des vagues successives qui viennent s’entrechoquer sur la terre, le plancher bas de la maison.

 

  • la ligne haute du toit est en chaux lissée. Elle est simple en apparence mais elle cache des fonctions multiples ; elle est à la fois ligne de terre et de ciel car le paysage valloné de Gored brouille la limite entre ces deux entités. Cette indéfinition se retrouve dans les fonctions multiples que recouvre cette ligne de toit :

 

  1. la quasi-intégralité de la toiture est végétalisée ; nous rendons autant que possible au terrain une partie de la surface empruntée pour la construction. La partie de toiture au-dessus du garage n’est pas végétalisée afin de se laisser la possibilité d’installer des panneaux solaires plats si les technologies le permettent.

  2. à l’avant de la maison, la ligne haute du toit crée un débord protecteur de la pluie et du soleil en été.

  3. à l’arrière, elle recouvre les volumes sortants ou rentrant pour les intégrer à l’ensemble architectural afin qu’ils ne fassent pas bande à part telles des annexes ou dépendances. La toiture contribue à l’unité architecturale des deux façades qui répondent à des objectifs domestiques et des paysages différents

  4. la ligne est creusée dans sa profondeur par un patio qui a été pensé pour permettre une ventilation naturelle de la maison en créant un effet de convection.

  5. la ligne de toit est perturbée par la souche de cheminée qui mesure 1,60m de hauteur et qu’il est question d’affirmer afin de reprendre la langage caractéristique des cheminées de murs pignons traditionnelles du secteur.

 

 

  

Les façades

 

Les deux lignes de plancher et de toiture se rencontrent par l’intermédiaire d’une façade légère, très vitrée mais rythmée et texturée. Le rythme est à l’image d’une estampe, dégradé, et reproduit de façon graphique l’ondulation d’un vague. La vie, justement à l’image des vagues, parfois calme, parfois tumultueuse, peut s’épanouir sous toutes ses formes entre ses deux lignes très sereines en apparences mais bouillonnantes par le nombre de fonctions essentielles et vitales pour le projet qu’elles remplissent (topographiques, domestiques, techniques, climatiques, énergétiques, etc.). Le geste architectural souhaite donc condenser cette complexité.  

 

La hauteur totale de la maison est de 4,15m. En prenant en compte la souche de cheminée, elle atteint 5,85m.

 

Elle paraît visuellement plus haute coté rue du fait des emmarchements nécessaires pour y accéder du fait de la pente du terrain.

 

Si le rythme entre les pleins et les vides s’inspire du mouvement des vagues, les parties pleines en chaux grattées sont une interprétation de la tradition constructive et des paysages des plages de sable ondulé par le mouvement des vagues, qui vont et viennent au gré des vents et des marées.

 

 

La façade principale (la façade sud-ouest) est composée de 3 parties :

 

  1. une partie de 12m de longueur côté sud complètement vitrée, équipée d’une baie vitrée coulissante totale. C’est la partie des espaces jours avec le salon, la cuisine et la salle à manger.

  2. la partie du milieu est la partie des chambres qui sont séparées par des pilastres et rétrécissent un peu l’effet complètement vitré. C’est la partie de la vie de nuit, de l’intimité.

  3. la partie côté ouest est un mur aveugle de 7m qui cache l’aire de stationnement qui ne se donne pas à voir depuis la rue afin de ne pas polluer visuellement le paysage de voitures supplémentaires.

 

La façade arrière (la façade nord-est) est le contraste de la façade principale. Elle est plus intime, moins ouverte et recèle les fonctions essentielles au bon fonctionnement d’une maison. Ces fonctions sont matérialisées par des volumes qui sortent (telles des boîtes) ou qui rentrent dans le volume principal :

 

 

  1. Le premier volume est une boite, la plus petite, côté est de la façade comporte l’entrée de la maison avec des fonctions de services (WC, buanderie, cellier, entrée). Elle dessert les espaces de jour de la maison.

  2. Le deuxième volume est une autre boite, plus grande. Elle contient une chambre qui est la seule à ne pas être orientée côté océan. Elle dispose cependant d’ouvertures sur deux façade et d’un petit jardin privatif. Cette chambre a été pensée comme une chambre de méditation au calme du tumulte de l’océan. L’autre fonction essentielle contenue par la boîte est un espace technique de 10,5m2 hors SHAB (non isolé et non chauffé) permettant d’installer les équipements techniques de la maison (échangeur géothermie, ballon d’eau chaude, équipement piscine entre autres).

  3. Le troisième et dernier volume est un volume creusé dans le volume principal et permet de recevoir une aire de stationnement cachée de la rue, la fonction de stationnement n’étant pas la plus belles de fonctions à montrer aux passant.

 

 

Les économies de ressources 

 

Construire une maison contemporaine peut paraître à contre-courant aujourd’hui. Cependant, nous sommes convaincus qu’il est encore possible de créer des architectures au 21è siècle. Le combat contre le changement climatique ne doit pas signifier la fin de l’architecture et des nouvelles constructions. C’est pourquoi, le fil rouge de la conception de ce projet contemporain est son impact limité en choisissant des matériaux et des techniques locaux :

 

  1. Les matériaux seront biosourcés et locaux à 90% : le bois, le granite et la chaux seront bretons et lorsque cela nécessaire, ils seront français (fibre de bois pour l’isolation). Nous en sommes encore à une phase sommaire de la conception et avons proposé un plancher bas en béton pour le moment (seul élément en béton du projet). Nous espérons pouvoir utiliser du ciment recyclé ou étudier la faisabilité de plancher bas en pierre et chaux. Pour la structure bois, nous construirons avec du bois français et non américain comme cela se fait dans la majorité des projets. L’aluminium des fenêtres et le zinc de la toitures seront les seuls matériaux non locaux (bien que l’aluminium français provienne en grande partie de filières de recyclage).

  2. Lutter contre le réchauffement climatique consiste pour aussi à favoriser les savoir faire locaux et le fait local pour lutter contre la standardisation mondiale qui délocalise nos savoirs faires et appauvrit notre patrimoine construit : pour la construction, il s’agira de faire appel à des compagnons et des sociétés bretonnes leader dans leurs savoir-faire : granite de Guerlesquin (pierre et granite), ideextension (menuiseries aluminium), compagnons pour la charpente bois et métallique, …

  3. Afin d’implanter une maison de plein pied sur un terrain légèrement pentu, il est quand même nécessaire de déplacer un peu de terre. Sur environ 100m² de terrain, nous devrons déplacer environ 100m3 de terre que nous conserverons sur place au maximum (nous aimerions imaginer des carrés potagers expérimentaux de 60cm de hauteur pour tester les espèces qui s’adaptent aux embruns à l’arrière de la maison à l’abri des vents violents).  

  4. Le terrain tel qu’il est aujourd’hui présente les qualités paysagères qui nous paraissent idéales pour ce projet, simple et sobre. Il ne sera pas paysagé à outrance pour limiter les ressources en eau nécessaires à son entretien. Nous planterons cependant des haies tout autour du terrain afin de créer un peu d’intimité. A ce propos, nous souhaitons une piscine alors que les communes en France connaissent aujourd’hui des pénuries d’eau : nous souhaitons mettre en place un système de citerne de récupération des eaux de pluie qui nous permettra de remplir notre piscine sans puiser dans le réseau public (la toiture végétalisée contribuera d’ailleurs à faire un pré-filtrage). Nous en prévoyons une de 6000L pour le moment mais nous devons affiner cet aspect du projet. Le reste des eaux de pluie non récupérées seront rejetées sur le terrain comme l’impose le PLU.

  5. Pour tout ce qui concerne les énergies de la maison, nous réaliserons les études nécessaires pour déterminer si nous pouvons profiter de la géothermie pour le chauffage. A défaut nous aurons une unique pompe à chaleur car la maison aura des performances proches d’une maison passive. Nous pourrons aussi profiter de la cheminée pour un appoint de chaleur. Nous ferons étudier la pertinence de ne mettre que des panneaux thermiques pour la production d’eau chaude en lieu et place d’un ballon (même thermodynamique). Si cela est pertinent, nous mettrons des panneaux photovoltaïques à plat sur la toiture du garage.

  6. Pour le confort d’été, le débord de la toiture doit permettre de limiter l’ensoleillement et les ouvertures avant arrière, avec le patio central dans l’espace de vie, doit permettre une aération poussée de la maison.

 

Beaucoup de réponses ont été apportées à ce stade mais le dépôt d’un permis de construire dans le cadre d’un compromis ne permet pas de faire l’ensemble des études approfondies pour optimiser tous ces aspects. Malgré l’attestation RE2020 qui certifie que le projet répond à ses exigences, des études thermiques plus approfondies seront réalisées pour affiner l’ensemble des pistes qui sont ouvertes à ce stade du projet.

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